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Une étude californienne suppose l’existence d’une planète géante au fin fond du système solaire, qui perturbe le mouvement des astres et que nous n’avons pas encore découverte. De quoi relancer la quête de la mythique «planète X». Y a-t-il une planète géante au fin fond du système solaire, qui perturbe le mouvement des astres et que nous n’avons pas encore découverte ? Ça paraît fort de café, mais c’est l’hypothèse lancée par deux astronomes de Caltech, l’institut de technologie de Californie, aux Etats-Unis. Michael Brown et Konstantin Batygin ne l’ont pas vue, cette planète. Mais ils ont observé les déplacements de six objets transneptuniens, c’est-à-dire les astres évoluant au-delà de l’orbite de Neptune, c’est-à-dire de gros cailloux très très loin d’ici. Et d’après leur configuration étrange qui s’explique mal par le seul hasard, ils ont conclu que l’attraction d’une grosse planète voyageant dans les parages serait l’explication la plus probable. Aujourd’hui, le système solaire compte officiellement huit planètes : Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Neptune et Uranus. Mais la liste n’est pas arrêtée, car plus nos instruments d’observation deviennent puissants et meilleures sont nos chances de découvrir une nouvelle candidate lointaine. Au début du XIXe siècle déjà, on s’interrogeait sur l’étrange orbite de la dernière planète du système solaire enregistrée alors, Uranus, et l’on supputait qu’une voisine inconnue jouait les perturbatrices. C’était Neptune, dénichée en 1846. Mais elle n’expliquait pas tout et posait elle-même de nouvelles questions. Rebelote : il fallait chercher encore plus loin, une hypothétique «planète X» selon l’expression de l’astronome Percival Lowell. On a trouvé Pluton en 1930, mais pas assez grosse pour être la planète X de Lowell. La pauvre petite a même été déchue de son statut de planète en 2006 car elle est incapable de «nettoyer» son orbite en agglomérant les poussières qui y traînent – c’est désormais une planète naine. La recherche de cette planète X qui expliquerait toutes les irrégularités d’orbites n’a depuis jamais cessé. On a trouvé d’autres planètes naines (Eris, Sedna…), mais on attend mieux. Une sorte de «super-Pluton», comme l’ont théorisé en 2008 Patryk Lykawka et Tadashi Mukai, deux chercheurs de Kobe (Japon). En 2011, les Américains John Matese et Daniel Whitmire annoncent avoir la preuve qu’une planète grosse comme quatre Jupiter se cache loin derrière Pluton et la baptisent Tyché, en hommage à la déesse grecque. La rumeur de la planète X repasse en 2012 avec les recherches de Rodney Gomes au Brésil, puis en 2014 quand Scott Sheppard et Chad Trujillo tiquent sur un détail en observant les objets transneptuniens depuis l’observatoire Gemini à Hawaï. Leur étude, publiée dans Nature, montrait qu’un certain nombre d’astres lointains partageaient une même inclinaison orbitale : alors que les huit grosses planètes du système solaire voyagent plus ou moins sur le même plan, qu’on appelle écliptique, ces petits objets ont une orbite inclinée et semblent tourner selon le même rythme. Elles croisent toutes le plan de l’écliptique au moment où elles sont les plus proches du Soleil, au «périhélie». Alors qu’elles voyagent à des vitesses différentes… Comme si un gros aimant les gardait synchronisées. Sheppard et Trujillo présageaient qu’«un perturbateur massif peut exister». Une grosse planète, quoi. C’est leur travail que reprennent nos deux astronomes américains, la pointure Michael Brown (largement responsable de la destitution de Pluton) et le jeune Konstantin Batygin, dans The Astronomical Journal. En choisissant les six astres les plus éloignés parmi la sélection de Sheppard et Trujillo, ils ont calculé qu’il n’y a que 0,007% de chances que leurs orbites synchronisées soient dues au hasard. «C’est presque comme si vous aviez six aiguilles bougeant à différentes vitesses sur une horloge et, au moment où vous les regardez, elles sont exactement à la même place, tente d’expliquer Michael Brown. Il y a environ une chance sur cent que ça arrive. Mais en plus, elles sont penchées de la même manière, inclinées de 30 degrés par rapport au plan des huit planètes. Ça ne devrait pas arriver par hasard.» L’astrophysicien français François Forget a une image plus simple : «C’est un peu comme si on observait de loin des moutons et qu’ils se mettent tous à se déplacer de la même manière. On se dit qu’il y a un chien qui les guide.» Une possibilité d’explication reposait sur la présence de nombreux petits objets transneptuniens perturbateurs. Mais ça ne collait pas : la ceinture d’astéroïdes de Kuiper, où ils habiteraient, serait beaucoup trop massive par rapport à ce que l’on en sait. Reste la planète géante. La «planète 9», comme l’appellent les chercheurs (on repassera pour l’originalité). Ils ont simulé son orbite sur ordinateur et affirment que ça pourrait marcher : l’astre inconnu serait dix fois plus lourd que la Terre, vingt fois plus éloigné du Soleil que Neptune, et sa révolution durerait entre dix mille et vingt mille ans.

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